Octobre 2012 - Maroc #1

                                                                  

   Nous voilà arrivés ce 1er octobre à Tanger.

   Le soleil nous accueille avec ses doux rayons. Ici aussi, ils ont connu la pluie comme un peu partout en France, en Espagne ou au Portugal, il y a une semaine. Sauf qu’ici, elle était la bienvenue, il reste juste de grandes flaques d’eau encore visibles.

   Après une soirée passée à flâner dans la ville, nous repartons le lendemain matin pour Casa la blanche. Comme à notre habitude, nous préférons, à l’autoroute, celle qui longe la côte.  Nous roulons à guère plus de 70-80 kms/heure, alors à quoi bon. Mais là, nous n’arrêtons pas de traverser des villages, beaucoup de voitures, de bruit, une route pas en très bon état.

   Visite de la Grande Mosquée Hassan II à Casablanca :
  Nous n’avons pas été déçus et n’avons pas regretté cet arrêt, récompense de notre route difficile. Visite guidée et commentée en français, bien organisé côté billetterie. Cet édifice est grandiose par ses dimensions, et par sa beauté. Il a été réalisé, côté maçonnerie par une grande entreprise française, et plus de 35 OOO marocains (ouvriers et artisans) ont participé à la décoration (zelliges, sculptures, verrerie, faïence, stucs …).

© Colette Saudubois

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© Colette Saudubois

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    Mercredi 3 octobre, nous arrivons à Oualidia, petite ville de pêcheurs, située en bord de mer où nous venons revoir notre ami Mohamed Alili, rencontré la première fois en 1998. Nous le retrouvons le lendemain matin (il n’était pas là à notre premier passage) à son atelier situé à 6 km environ de Oualidia, juste sur le bord de la route, près des salines. Sa spécialité est la soudure. Il remonte des jardins, situés juste en contre bas, avec son sac plein de légumes. Il met quelques instants à nous reconnaitre et puis ce sont les accolades, les embrassades. Il faut dire que nous avons de bons souvenirs ensemble. Nous avions passé près d’une semaine en sa compagnie, bivouac près de son atelier, lorsque nous étions venus avec les garçons en 98 et sommes repassés à deux reprises depuis.
    Cette fois, nous nous installons près de la maison de son frère aîné, Si Mohamed, qui tient un garage de mécanique auto dans le village.  Les deux frères vivent donc ensemble avec femme et enfants. Tout le monde est attentionné. Nous dormons dans le camion, mais nous allons les voir tous les jours et passons de nombreux moments ensemble : parfois sur la plage, une visite au souk, ou tout simplement autour d’un couscous, « soksko » disent-ils, d’un bon plat de poissons, d’un thé ou à regarder des photos.

    Ici, presque tous les marocains vont à la pêche. Et on les voit, sur leur mobylette, casier à l’arrière, rempli de leur miraculeuse pêche. Ils sillonnent dans Oualidia pour vendre leur trésor : des oursins, des moules, des huitres, des poulpes et divers poissons. Un soir, José est invité par Mohamed, pour une pêche nocturne. Pile à la main, et Kway sur le dos pour les embruns, les voilà partis. Trois heures plus tard, Mohamed revient, tout fier, avec un long poisson, un cirar, et José avec des images.

    Nous apprenons que sa femme Aïcha, a un cancer des glandes lymphatiques avec lequel elle se bat depuis 4 ans. Elle a bien maigrit. Elle va régulièrement à Casablanca pour ses traitements et examens. Nous échangeons bien avec elle. Elle est curieuse, intéressée, nous pose des questions, et nous aussi. Elle parle un peu le français. Leurs trois enfants, Ilhan (18 ans), Nora (15 ans) et Reda (8 ans) sont charmants, réservés. Nous parlons et rions bien aussi avec Ghizlane (20 ans) et Najib (28 ans), enfants du frère, qui parlent aussi français. Ha ! La langue. Qu’il est bon de pouvoir se comprendre. Ghizlane me confie qu’elle ne veut pas se marier avec un garçon de Oualidia. Elle préfèrerait Safi. Inch’alla !  Najib travaille avec son père au garage mais il n’y a pas assez de boulot, alors il est prévu qu’il aille le mois prochain à Casablanca pour travailler.

    Les deux frères vivent en communauté, partageant les bons moments mais aussi avec une solidarité côté finance. Mohamed n’a pas beaucoup de travail, donc peu d’argent. Je comprends pourquoi  Mohamed s’efforce de revenir souvent avec des légumes offerts par ses amis, près des salines, et va souvent à la pêche pour ramener du poisson. Sa manière de participer avec ses moyens. Nous sentons une famille soudée.

   Nous avons aussi bien pris le temps de découvrir la ville, et sa lagune. La côte est belle et sauvage. Et il fait beau.

   Lundi 8 octobre au matin, nous quittons toute la famille avec l’idée de se revoir bientôt, inch’alla et en souhaitant surtout une meilleure santé pour Aïcha.

© Colette Saudubois

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                         Photo prise avant de partir. Il manque juste Mohamed, déjà arrivé à son atelier.

© Colette Saudubois

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    Après un petit passage rapide à Marrakech, (une soirée à la place Djema el Fna nous aura suffit pour goûter à la pollution qui sévit sur la ville), nous descendons dans la vallée de l’Ourika, 30 kms plus au sud. Nous nous arrêtons  au tout début de la vallée, dans le Douar des potiers, le Douar Tafza. Nous avions l’intention de faire un petit documentaire sur les musiciens de la place Djema el Fna, mais la pollution nous a fait fuir et finalement, nous optons pour filmer le travail des potiers.

© Colette Saudubois

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    Nous retrouvons tout d’abord les amis des parents à José : Ahmed, artiste potier, avec sa femme et ses 3 enfants. Puis, Fatima, et sa fille, Mina, 22 ans. Son mari, décédé de maladie, il y a maintenant près de 20 ans, Fatima a élevé seule ses 3 enfants, deux sont mariés.

    Nous passerons tout notre séjour en leur compagnie. Tous les soirs, vers 17 heures, après notre travail de tournage, nous allons chez Fatima où Ahmed nous rejoint. Mina se fait un plaisir de nous préparer des Melouis, des Msemens, ce sont des crêpes, les unes carrées plutôt feuilletées, les autres rondes avec des petits trous alvéolés, le tout accompagnées de beurre fait maison (oudi en berbère), d’huile d’olive (zit zitoune en arabe) et d’un excellent café (kawa) préparé avec le lait (alib) de la maison. C’est grâce à la ferme de Fatima que l’on peut déguster tous ces  produits. Dans un espace réduit, on trouve une vache, 4 moutons, des poules, quelques lapins, et un âne. Tous les matins, Fatima part avec son âne (aryul) , à son village voisin, Taourirt, où elle est née et où elle possède des terres. Elle revient avec la provision d’herbes, luzernes, nécessaires à ses bêtes pour la journée. Elle ne peut pas les sortir souvent, ses champs sont trop loin.

   Grace à Ahmed qui parle français, nous pouvons  échanger un petit peu. Elle n’a pas l’air d’être très décidé à se marier. Notre compagnie la change de son quotidien. Elle vient quelque fois au camion, nous chercher. Ses journées sont rythmées, dès le matin par le nettoyage complet de la maison. Vers 10h, elle prépare le pain, jusqu’à la cuisson dans le four d’une voisine. Puis elle cuisine pour lee repas afin qu’il soit prêt quand sa maman va revenir vers midi. Après la vaisselle, l’après-midi est plus tranquille. Je la rencontre parfois, dans une ruelle, à discuter en compagnie d’amies.

                                                Ahmed, l'artiste potier

© Colette Saudubois

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   Nous avons donc filmé sur 5 jours une quinzaine d’ateliers de potiers, avec Ahmed qui nous ouvrait les portes. José à la caméra, moi à la prise de sons. Nous étions bien fatigués à la fin de nos journées. Le village est installé à flanc de colline, les ruelles sont escarpées, toutes cabossées, un petit écoulement d’eau usée en leur centre. Pas très à l’aise la Coco avec ses sandales.   

   Nous avons pu ainsi découvrir le dur travail des potiers : terre d’argile extraite derrière dans la colline, concassée à la main, tamisée, filtrée, mélangée avec de la silice, travaillée pour arriver sur le tour, ou sur la table, puis dernière étape, la cuisson.

   Trois techniques sont utilisées ici, selon l’atelier : le tour, le moule ou l’estampage.

   Le tour : le potier modèle avec ses mains pendant que la terre tourne sur un plateau, tour électrique mais bien souvent au pied.

   Le moule : fabrication d’un moule en plâtre en deux parties, remplissage, séchage et démoulage. C’est Ahmed qui a introduit et développé la méthode du moule ici.

   L’estampage : sur le principe du moule, la terre y est déposée, bien aplatie à la main, puis aussitôt enlevée pour séchage. (Surtout pour les assiettes, les plats, les koutoubias).

   Les pièces, brutes, sont déposées dans le four, une à une, sur des supports en terre cuite, bien callées. La cuisson, au gaz, dure environ 5-6 heures à 980°.
   Certains émaillent leurs pièces, ce qui nécessite une 2e cuisson. Il existe toutefois encore quelques fours traditionnels au bois.

   Ils ont chacun plus ou moins leur spécialité, de la tajine, la koutoubia, les plats, le canon (brasier), le photophore,…. Jusqu’au sanglier ! Oui, des sangliers, et çà marche. Hassan les fabrique depuis plus de 25 ans, les exporte en Belgique, en France, en Italie, un peu partout.

   Nous en sommes ressortis un peu plus érudits.
   Maintenant, tous est chargé sur la micro, dans les cassettes. Il reste à faire le montage au retour.

   Nous avons pris plaisir à faire ce film et cela a été surtout l’occasion d’approfondir nos connaissances sur le travail des potiers.

 

   J'ai très peu de photos à vous présenter, j'étais concentrée sur ma prise de son.

© Colette Saudubois

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   Ce petit Douar a aussi un très beau Musée berbère installé dans la maison restaurée de l’ancien chef du Douar. Ce Musée existe grâce à la volonté de Patrick Manach’. Et Khalid, Responsable du musée, passionné, a su prendre le temps de nous expliquer toutes les symboliques, l’agencement des pièces et des objets exposés.

© Colette Saudubois

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   Le dernier soir avant de partir, nous nous retrouvons chez Fatima. Cette fois, c’est nous qui régalons avec des crêpes, chocolat, confiture. Ahmed apporte une excellente soupe à la tomate (Harrira).

   Que de bons souvenirs dans ce Douar. Et je ne vous ai pas tout dit. Nous sommes aussi allés à pied avec Mina dans le village natal de Fatima (Fadma en berbère),Taourirt, le village des salines. Nous faisons connaissance de sa famille. Nous avons également fait la rencontre d’un couple franco-marocain installé un peu plus loin dans la vallée.

   Nous quittons tout notre petit monde, avec beaucoup  de nostalgie.

 

   17 Octobre : Nous prenons la route d’Asni, avec un petit crochet sur le plateau de Kik que nous connaissons déjà. Nous avons envie de retrouver son ambiance, ses couleurs. Nous retournons également près de la famille où nous nous étions stationnés. Ils nous reconnaissent et prenons un thé, puis finalement un tajine ensemble. Avant d’arriver, le petit bruit caractéristique –claq-claq- du camion a refait son apparition dans les montées. Nous décidons de retourner sur Marrakech le lendemain matin pour solutionner le problème avant d’attaquer le col du Tizi-n-test.

   Finalement…. dans un rond-point, nous perdons une pièce de la roue droite de la remorque. Stop ! On récupère la pièce. Nous roulons tout doucement jusqu’au premier garagiste. Diagnostique : le roulement est à changer. En deux heures, tout est fait pour un prix « raisonnable ».

   La pluie est arrivée dans la nuit. Nous repartons, cette fois pour passer le col du Tizi-n-Test.

   Première partie, avec le soleil, ce qui nous permet d’apprécier ces belles montagnes avec beaucoup de petits villages perchés, en terre de pisé.
   Par contre la deuxième partie fût tout autre. Nous montons, nous montons, alors évidemment, nous nous trouvons dans les nuages. A la fin, nous voyions tout juste la route, avec beaucoup de cailloux.
   On avance doucement. Dans ce cas, plus question de regarder à droite. De toute façon, on n’y voit plus rien. Personne ne parle dans le camion, les yeux vissés sur la route.

 © Colette Saudubois  

 

   Nous descendons le col pour arriver à Taroudant le 19 octobre. Il fait nuit.
   Nous y restons quelques jours, le temps de nous poser un peu. Nous écrivons pour le site. Mais, nous nous rendons compte que certains cafés commencent à refuser que l’on s’installe, branché à l’électricité. Nous consommons pourtant. Pas grave, nous irons voir plus loin. Et puis la pluie est arrivée.

© Colette Saudubois

   Je passe prendre un bon hammam et décollons, direction Tafraout, en passant par Agadir et Tiznit.
   Nous avons envie de revoir ses belles montagnes roses, toutes en rondeur.
   Notre passage est ponctué de quelques ballades et à nouveau de moments passés dans les cafés, en fin d’après midi, pour un travail sur la micro, et internet aussi.
   Ha ! Je sens venir quelques microbes. Une rhinite qui me tiendra une bonne semaine. Et bien sûr, José n’y échappera pas. Rien de bien méchant.
   La pluie arrive là aussi. Le froid avec, nous sommes à 1 100 mètres d’altitude. Qu’est-ce qui nous retient ici ? Rien de particulier ! Nous sommes libres comme le vent. Alors, nous quittons Tafraout pour retourner à Tiznit.

 © Colette Saudubois

  Notre arrêt à Tiznit est motivé par le souhait de poser un panneau solaire sur le camion. Nous manquons d’autonomie. Tous les soirs, la nuit tombée, nous sommes à la lampe électrique ! Nous ne roulons pas assez longtemps entre chaque étape pour recharger notre batterie.

  Repéré sur un forum internet (pratique tout de même), nous trouvons un bon installateur, sérieux, (des français, rencontrés dans son magasin,  nous le confirmeront). Son devis nous convient. Nous attendons juste la disponibilité du soudeur (pose d’un cadre sur les coffres arrières pour que le panneau soit orientable) car la fête de l’Aïd, pour certains, se prolonge sur toute la semaine.

   Soyons patients.

  

   Voilà un mois d’octobre bien occupé. Je ne l’ai pas vu passé.

   Il pleut un peu aussi sur Tiznit, et sur tout le Maroc, mais il fait meilleur, 25°. La pluie devrait cesser à la fin de la semaine. C’est bon pour les marocains.    Les oueds se remplissent. Parfois, on voit tout un attroupement de personnes sur les ponts. Ils viennent voir l’eau qui coule à flot. A certains endroits,  elle traverse la route. 

   Je me plais toujours autant dans notre petit camion. Pas très grand, mais depuis le temps, je m’habitue très bien.

   Gros bisous à tous et à chacun,
   A la prochaine,
   Coco

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