Dine

  • Août 2012 - Portugal

       Bonjour à tous,

       De passage en France, nous venons de rendre visite à notre famille proche, parents, frères et sœurs. Nous étions ravis de les revoir, surtout quand nous les retrouvons en bonne santé. Mon fréro, par contre, me soucie beaucoup. Je ne l’ai pas trouvé en bonne forme. La santé lui fait beaucoup défaut et dans ces moments de retrouvailles, c’est toujours dur de le laisser face à lui-même, sans être à ses côtés. Mais il sait bien qu’il est toujours dans mes pensées et que l’amour, l’affection que je lui porte n’est pas à la hauteur de mon absence mais bien de tous ces moments que nous avons passés ensemble avant mon départ. Je reste à ses côtés par l’écriture.

       Je suis heureuse de repartir sur les routes.
       Après la traversée de l’Espagne, nous arrivons au nord du Portugal, ce lundi 13 août, à Bragança.
       Nous sommes accueillis par l’odeur des Estevas, petits arbustes résineux aux grandes fleurs blanches.

       Nous décidons, dans un premier temps, de visiter le Parc de Montesinho.
       Demain, 15 août, c’est la fête au village de Dine, messe, procession, jeux et orchestre le soir.  
    Avec Judith, notre guide, une femme d’une soixantaine d’années, nous visitons le petit musée du village où sont déposées les pièces archéologiques trouvées lors de fouilles. Elle nous emmène découvrir la grotte et les anciens fours à chaud. Elle est charmante. Passionnée par ce qu’elle fait, elle n’est pas avare d’informations et répond à toutes nos questions avec une gestuelle qui me plait et me fait sourire. Par chance, elle parle français.  Nous la retrouverons le lendemain matin. Elle prépare l’église pour la messe.
       Les deux familles qui nous ont accueillis sur leur terrain sont tout aussi charmantes. L’une nous offre une douche, et l’autre nous apporte un excellent plat de poulet avec du riz et du chorizo, certainement cuisiné au four. Cela me rappelait l’accueil des turcs, et de bien d’autres familles rencontrées au cours de notre voyage.

     

      Nous filons ensuite retrouver un ami portugais rencontré par hasard dans un magasin à Vinhais. Autour d’un café, il nous dit qu’il travaille en France, qu’il est venu ici pour les vacances comme beaucoup et nous invite  chez lui à Soutilha (prononcez Soutilla)au sud de Chaves. Alors, nous prenons la route pour le rejoindre.  C’est aussi çà la liberté, pouvoir aller comme bon nous semble, en fonction des rencontres.

      Nous arrivons le jour où le village organise un banquet et un bal pour fêter le retour des émigrés. Nous sommes gentiment invités par Carlos à la soirée.  D’ici là, il prend le temps de nous emmener sur le site des anciennes mines (fer et étain) fermées en 1962. Aujourd’hui, quelques vestiges : le bâtiment des ouvriers, celui des ingénieurs et la maison du patron.  Sont encore visibles quelques entrées de mines et des installations techniques.  Une époque révolue où le travail était dur mais le salaire assuré. Carlos est charmant. Comme il dit « J’ai été bien accueilli en France quand je suis venu travailler, alors aujourd’hui, je le rends. J’aime bien aussi accueillir les français au Portugal ». Fidèle à la réputation des portugais, Carlos travaille beaucoup, mais envisage maintenant à lever le pied pour sa santé. Il est très apprécié dans son village. Je le sens très convivial et quelqu’un de droit. Nous avons passé une excellente journée et soirée en sa compagnie.

     

      J’allais oublier de vous dire : le Portugal, c’est aussi l’incontournable chorizo et le présunto (jambon fumé). Alors, depuis quelques jours, nous avons suspendu dans le camion notre réserve de chorizo qui parfume notre habitacle. Pour le présunto, la  corde n’aurait pas tenue, nous en achèterons en morceaux.

     

      Vendredi 17 août, nous repartons, direction Vilarinho Seco (prononcez Vilarigno), à une centaine de km plus à l’ouest. Quel bonheur de retrouver ce petit village, perché sur les hauts plateaux du Baroso, dans la région de Montalegre. Nous l’avions découvert, il y a 12 ans avec les garçons, et nous prenons plaisir à venir rendre visite, à chaque occasion, à nos amis. Nous retrouvons Fernanda, Arlindo, son père, Maria, José, et bien d’autres qui nous ont tous bien accueillis. Nous les retrouvons au seul café du village, où la plupart, y compris les nombreux émigrés du mois d’août revenus aux sources rendre visite à la famille, viennent boire un café, une bière, un copo de vinho tinto (verre de vin rouge).

      Contrairement à la France où on vous accueille avec le café et les petits gâteaux secs, ici, c’est avec un copo de vinho tinto, du présunto, coupé finement, accompagné du bon pain fait maison, que l’on vous reçoit.
       Nous passons une semaine formidable. Je prends plaisir, dès le matin, appareil photo et prise de sons en bandoulière, à déambuler dans le village. Cela commence, vers 8h30. J’enregistre les cloches des vaches qui sortent du village, l’eau du robinet du lavoir et de l’abreuvoir, toujours ouverts, qui coulent  toute la journée, c’est la source ! Et puis, j’écoute les anciens. La sombra venue (ombre), assis sur un banc, ils discutent, accrochent quelques mots aux passants, laissent le temps passer.  Je m’arrête, m’assoit, échange quelques mots de portugais et enregistre.
       Le soir venu, nous retrouvons au café les portugais de France et discutons. Ils parlent français, nous comprenons mieux la vie au village.


       Maria, 77 ans, n’a de cesse, à chaque rencontre, (quatre, cinq fois par jour) de m’inviter à manger chez elle, quelle que soit l’heure. Elle nous aime bien, et a besoin, je crois, de compagnie.  Je ne peux accepter  toutes les invitations mais j’ai plaisir à déguster en sa compagnie le présunto et le vinho tinto, assise sur un banc, placé autour de l’âtre de la cheminée, avec une planche qui se rabaisse au milieu et qui fait office de table. Même si les mots nous manquent pour bien se comprendre, l’essentiel est dit, on s’apprécie.
       Maria a un visage très expressif. Elle réfléchit, alors, tous ses muscles du visage sont en mouvement. Sans dire un mot, ses yeux se plissent, sa bouche fait un va et vient, d’avant en arrière. Puis, nos regards se croisent. Ses yeux se plissent à plusieurs reprises, elle me fait comprendre, d’un mouvement de sa main devant la bouche « Viens manger ».
       Maria a un visage buriné, et ses rides traduisent la mémoire d’une vie rude,  mais aussi d’une certaine joie de vivre, elle porte le sourire sur ses rides.

       La semaine se termine par une réception organisée par un entrepreneur dans l’immobilier. Il invite tous les ans à Vilarinho Seco, ses clients, sous-traitants, partenaires, pour un repas et un dîner dansant. Le soir, toutes les personnes du village sont invitées, alors nous serons de la fête. L’occasion pour nous d’écouter la musique portugaise, avec l’accordéon très présent et découvrons une chanson typique où un homme et une femme se répondent en palabrant sur l’actualité politique, sociale, la famille, le couple, les enfants… Tout cela, très librement, avec un peu de piquant sans doute car je ne comprends pas ce qu’ils disent mais je vois, de temps à autre, le public réagir, sourire et applaudir.

                                                     © José Saudubois

                                                    © José Saudubois

    Ancien séchoir à maïs                                                © José Saudubois

    © José Saudubois                                                © Colette Saudubois

     

    © José Saudubois                                                 © José Saudubois

    © José Saudubois

    © José Saudubois                                                 © Colette Saudubois

                                                     © Colette Saudubois

     

      Samedi 25 août : Nous quittons Vilarinho Seco, petit pincement au cœur. La prochaine fois que nous reviendrons, retrouverons-nous tout le monde ?

      Un arrêt à Boticas pour capter internet. Une bien triste nouvelle nous attend. Claude, le papa de Frank, mari de la sœur de José, vient de nous quitter subitement. Nous avons beau le savoir, « nous ne sommes pas éternels », mais on veut toujours que ce soit pour plus tard.
    On roule et pensons bien fort à toi Frank et à toute ta famille, en ces moments douloureux.

      Quelques 300 km plus au sud, nous arrivons à Piodâo, petit village perché en haut des montagnes, au cœur de la Serra Estrela. Toutes les maisons sont en pierres de schiste, fenêtres et portes en bois, bleues et blanches.
      Il y a 12 ans, nous l’avions découvert. Aujourd’hui, le développement du tourisme l’a quelque peu transformé. Dès l’entrée, sur la grande place, de nouveaux restaurants et commerces se sont installés. Les achalandages regorgent de souvenirs à n’en plus finir. Les ruelles, derrière, sont vides.
    Piodâo a été quelque peu dénaturé. Dommage !

      Un très beau musée, à droite, a remplacé la maison « résidence » où un peintre était venu s’installer en 1998-1999, Jorge Vilaça exposait. Nous l’avions rencontré en 1999, avions échangé avec lui. Il est décédé en 2001. Nous avons pu retrouver un peu de son travail au Musée. Nous avons apprécié toute l’installation faite sur l’histoire du village.

     

                                                     © Colette Saudubois

      Nous continuons notre descente sur l’Alentejo.
     
    Nous ne rencontrons pas grand monde sur les routes. Normal. Comme je vous le disais, nous choisissons des petits villages, et optons toujours ou tant que possible les petites routes, les grands axes sont écartés bien souvent.  Nous roulons gentiment, 70-80 km/heure, et prenons le temps de regarder les paysages. La route est déjà notre voyage et non un trait d’union entre deux  destinations.

      Mardi 28 août après midi, nous arrivons à Nova Luz, sous une chaleur de plomb. Nous voilà revenus dans ce village que nous affectionnons particulièrement pour son histoire. En effet, depuis 1999, nous avons vu disparaitre l’ancien village (Veilha Luz) et la construction de Nova Luz, un peu plus haut. Le barrage d’ Alqueva a innondé une partie des terres.

      En savoir plus : Pour que l'eau soit grande - "Aldéïa da luz" - Portugal

                               http://jose.saudubois.free.fr/

      Vous constatez deux choses : nous nous arrêtons toujours dans de petits villages. Puis, pour la plupart, ce sont des villages que nous avons déjà visités à plusieurs reprises. Pourquoi ? Tout simplement, parce que ce n’est pas dans les grandes villes que nous faisons beaucoup de rencontres, et nous restons fidèles à nos amis, alors nous revenons les voir.

     Nova Luz : Sitôt arrivés, nous nous empressons de faire, à pied, le tour du bourg.  Notre dernière visite remonte à trois années. Nous arpentons les rues pour reconnaitre ici et là nos amis. Un « boa tarde », et voilà que le sourire apparait, on nous reconnaît.  Nous apprenons toutefois la disparition de certains. Le village vieillit et a du mal à se renouveler.

     © José Saudubois

    © José Saudubois

    © José Saudubois

    © José Saudubois                                                 © José Saudubois

      C’est la fête annuelle à la fin de la semaine pendant quatre jours. Le village est en effervescence.
      A suivre…


      Je vous embrasse,
      Coco

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