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Maroc - Novembre 2012


   Charles Eugène de Foucauld de Pontbriand (15 septembre 1858 à Strasbourg – 1er décembre 1916 en Sahara algérien) est un officier de l'armée française devenu explorateur et géographe, puis religieux catholique et linguiste. Il a été béatifié en 2005.

   Orphelin à l'âge de six ans, Charles de Foucauld fait carrière dans l'armée, intégrant Saint-Cyr et menant une vie dissolue. À vingt-trois ans, il décide de démissionner de l'armée afin d'explorer le Marocen se faisant passer pour un Juif. La qualité de ses travaux lui vaut la médaille d'or de la Société de géographie, et une grande renommée suite à la publication de son livre Reconnaissance au Maroc (1888).

   De retour en France et après diverses rencontres, il retrouve la foi et devient religieux chez les Trappistes le 16 janvier 1890, en France puis en Syrie. Sa quête d'un idéal encore plus radical de pauvreté, d'abnégationet de pénitencele pousse à quitter la trappe afin de devenir ermite en 1901. Il vit alors en Palestine, écrivant ses méditations qui seront le cœur de sa spiritualité, comprenant la Prière d'abandon.

   Ordonné prêtre à Viviers, il décide de s'installer dans le Sahara algérien, à Béni-Abés. Il ambitionne de fonder une nouvelle congrégation, mais personne ne le rejoint. Il vit avec les Bèrbères et développe un nouveau style d'apostolat, voulant prêcher non pas par les discours, mais par son exemple. Afin de mieux connaître les Touaregs, il étudie pendant plus de douze ans leur culture, publiant sous un pseudonyme le premier dictionnaire touareg-français. Les travaux de Charles de Foucauld sont une référence pour la connaissance de la culture touarègue.

   Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est assassiné à la porte de son ermitage. Il est très vite considéré comme un saint et fait l'objet d'une véritable vénération, appuyée par le succès de la biographie de René Bazin (1921) qui devient un best-seller. De nouvelles congrégations religieuses, familles spirituelles et un renouveau de l'érémitisme s'inspirent des écrits et de la vie de Charles de Foucauld.

   Le rabbin-explorateur Mardochée Aby Serour, guide de Charles de Foucauld au Maroc.

   Charles de Foucauld s'installe à Alger dès mai 1882 et y prépare son voyage. La rencontre avec Oscar Mac Carthy, géographe et conservateur de la bibliothèque d'Alger, confirme le projet : ce sera le Maroc, pays encore très mal connu. Il étudie pendant une année l'arabe et l'islam, ainsi que l'hébreu. Suivant les conseils de Mac Carthy, il rencontre le rabbin Mardochée Aby Serour qui lui propose de devenir son guide et lui dit de se faire passer pour un Juif afin de mieux passer inaperçu dans ce pays9 alors interdit aux chrétiens et peuplé en majorité de tribus échappant au contrôle direct du sultan.

   Le voyage commence le 10 juin 1883 en compagnie du rabbin Mardochée Aby Serour. Charles de Foucauld se fait alors appeler rabbin Joseph Aleman, disant être né en Moldavie, avoir été chassé de son pays par les Russes, et cherchant à visiter la communauté juive du Maroc. Il emporte avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition : sextant, boussoles, baromètres, thermomètres, cartes et papiers qu'il dissimule sur sa mule.

   Il vit comme un pauvre, suivant son guide, et faisant le sabbat. Encore en Algérie, il croise à Tlemcen, le 13 juin, des officiers français qui ne le reconnaissent pas. L'un d'eux ricane en voyant Charles et dit « Regardez ce juif accroupi en train de croquer des olives. Il a l'air d'un singe ». Charles et Aby Serour arrivent au Maroc et bénéficient de l'hospitalité de familles juives. Charles monte sur la terrasse pour faire ses mesures pendant qu'Aby Serour fait le guet, détournant l'attention des éventuels curieux. Devant l'impossibilité de traverser le Rif sauvage, ils prennent la route de Fès. Charles décide d'explorer l'Est avant d'aller plus au sud. Devant les craintes d'Aby Serour, Charles engage, pour assurer leur sécurité, des cavaliers et négocie dans les différents villages la protection de caïds. Ils atteignent Meknès le 23 août, puis partent vers le sud malgré les vives réticences d'Aby Serour. Pendant les trajets, Charles note, sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, ses remarques et des croquis, en s'abritant des regards de ses accompagnateurs. Le soir commence un long travail pour recopier sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. L'expédition atteint le Haut Atlas, le col de Tizi n'Telouet ; Charles est le premier européen à explorer cette partie du Maroc.

   Son procès en béatification commence dès 1927. Interrompu durant la guerre d'Algérie, il reprend ultérieurement et Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II, puis bienheureux le 13 novembre 2005 par Benoît XVI.

   Explorateur au Maroc

 

  Le rabbin-explorateur Mardochée Aby Serour, guide de Charles de Foucauld au Maroc.

  Charles de Foucauld s'installe à Alger dès mai 1882 et y prépare son voyageA 22. La rencontre avec Oscar Mac Carthy, géographe et conservateur de la bibliothèque d'Alger, confirme le projet : ce sera le Maroc, pays encore très mal connu. Il étudie pendant une année l'arabe et l'islam, ainsi que l'hébreuA 23.
  Suivant les conseils de Mac Carthy, il rencontre le rabbin Mardochée Aby Serour qui lui propose de devenir son guide et lui dit de se faire passer pour un Juif afin de mieux passer inaperçu dans ce pays9 alors interdit aux chrétiens et peuplé en majorité de tribus échappant au contrôle direct du sultanA 24.

  Le voyage commence le 10 juin 1883 en compagnie du rabbin Mardochée Aby Serour. Charles de Foucauld se fait alors appeler rabbin Joseph Aleman, disant être né en Moldavie, avoir été chassé de son pays par les Russes, et cherchant à visiter la communauté juive du MarocA 25. Il emport   e avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition : sextant, boussoles, baromètres, thermomètres, cartes et papiers qu'il dissimule sur sa muleA 25.

  Il vit comme un pauvre, suivant son guide, et faisant le sabbat. Encore en Algérie, il croise à Tlemcen, le 13 juin, des officiers français qui ne le reconnaissent pas. L'un d'eux ricane en voyant Charles et dit « Regardez ce juif accroupi en train de croquer des olives. Il a l'air d'un singe »A 26,B 17. Charles et Aby Serour arrivent au Maroc et bénéficient de l'hospitalité de familles juives. Charles monte sur la terrasse pour faire ses mesures pendant qu'Aby Serour fait le guet, détournant l'attention des éventuels curieuxA 27. Devant l'impossibilité de traverser le Rif sauvage, ils prennent la route de FèsA 28. Charles décide d'explorer l'Est avant d'aller plus au sudA 27. Devant les craintes d'Aby Serour, Charles engage, pour assurer leur sécurité, des cavaliers et négocie dans les différents villages la protection de caïdsA 27. Ils atteignent Meknès le 23 août, puis partent vers le sud malgré les vives réticences d'Aby Serour. Pendant les trajets, Charles note, sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, ses remarques et des croquis, en s'abritant des regards de ses accompagnateurs. Le soir commence un long travail pour recopier sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. L'expédition atteint le Haut Atlas, le col de Tizi n'Telouet ; Charles est le premier européen à explorer cette partie du MarocA 29,B 17.



  Reconnaissance du Maroc
 : croquis de Charles de Foucauld gravé par Dujardin

   Charles est touché par la beauté des paysages, mais aussi par la piété musulmane. Il écrit dans ses notes de voyages : « Une nuit du destin, après le vingt-septième jour du ramadan. Alors, les démons sortent de la terre, ce qui justifie la nuit de prière pour se soustraire à leurs tentations. On comprend, dans le recueillement de nuits semblables, cette croyance des Arabes à une nuit mystérieuse, leïla el Kedr, dans laquelle le ciel s'entrouvre, les anges descendent sur la terre, les eaux de la mer deviennent douces et tout ce qu'il y a d'inanimé dans la nature s'incline pour adorer son Créateur ».

  Il explore le Maroc jusqu'à Tissint située entre Tata et Foum Zguid avant de faire demi-tour devant les dangers et le manque d'argent. Abandonnant son compagnon de route, avec qui il a souvent des relations animées, il part à Mogador afin de demander de l'argent à sa famille. Il y reste plusieurs semaines, travaillant à rédiger son carnet de voyage. Une fois l'argent reçu, il rejoint Aby Serour. Ensemble, ils remontent le Haut Atlas, accompagnés par trois arabes censés les protéger mais qui les dépouillent, en leur laissant la vie sauve et sans dérober les instruments et carnets de Charles. Charles et Aby Serour se réfugient auprès de la communauté juive et regagnent l'Algérie après près de onze mois de voyage, au lieu des cinq prévus initialement.

   Ce voyage au cœur du Maroc de juin 1883 à mai 1884, et la masse considérable de renseignements rapportés, notamment géographiques et ethnologiques, valent à Charles de Foucauld la médaille d'or de la Société de géographie de Paris le 9 janvier 1885. À la Sorbonne, il reçoit les palmes académiques pour son travail. De retour en France, il retrouve les siens, et notamment sa tante paternelle Inès Moitessier, mais la vie parisienne l'ennuie.

   L'avant-dernier jour de l'année 1884, sa sœur Marie épouse Raymond de Blic, neveu d'Alexis de Tocqueville. Ils seront entre autres les parents de l'amiral Charles de Blic (1887-1965) qui aura pour parrain Charles de Foucauld.

   Il repart pour Alger, où Mac Carthy lui présente un spécialiste de géographie, le commandant Titre. Charles rencontre ainsi la fille du commandant, Marie-Marguerite, avec qui il envisage de se marier. Sa famille s'oppose à ce mariage et après plusieurs mois de réflexion, il choisit de façon définitive le célibat. Il décide alors de repartir dans le Sahara, où il mène une seconde expédition, s'embarquant le 14 septembre 1885 pour Alger. Il découvre une partie du Sahara et dessine de nombreux croquis de cette expédition. Il rentre en France en février 1886.

  Source : Wikipédia