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Turquie - Mai 2012

    Etude  d’observation sur la Réserve du Sultan - Sultansazligi


     La vie au sein du parc

     La réserve est peuplée de deux cent cinquante espèces d’oiseaux, majoritairement concentrées  autour et sur les deux principaux  lacs, le Yay (eau salée) et le Egri (Eau douce).

     Sur la partie du parc observée, un troupeau de 350 bovins, un troupeau de 150 moutons et chèvres, un autre de 300 à 400 moutons et chèvres et plus occasionnellement un troupeau  d’une centaine de moutons et de chèvres  se nourrissent à l’intérieur de la partie du parc observée (La proportion de moutons dans le troupeau est des deux tiers et un tiers pour les chèvres). Quand les eaux des lacs  baissent,  le troupeau de bovins s’enfonce plus profondément dans le parc et notamment dans la roselière. La superficie de l’aire de nourrissage double, voire triple.

     Concernant  la flore, le passage répété des troupeaux de vaches, chèvres et moutons laisse peu de chance à l’observation des plantes. Sur le territoire du parc, on trouve une roselière avec quelques plantes aquatiques (nénuphars…),  sur la terre ferme  des espaces vierges de toute plante et arbuste, puis quelques parcelles d’ajoncs et une bande  de tamaris. Le pourtour du parc est livré à la culture.

   Le berger et son troupeau  Le troupeau de vaches                                   @ Colette Saudubois

 

    Et la Maison du Parc Sultan

    La création du Parc lève une multitude d’interrogations et génère des peurs.  Quelles sont les forces en présence ? D’un côté, les partisans souhaitant mettre en œuvre une série de mesures pour la protection de l’environnement  (Associations, élus locaux ou nationaux, citoyens…), de l’autre, les exploitants agricoles, les producteurs de fruits, les maraîchers, les bergers et vachers, les habitants des villages avoisinant le parc.
    Intrigues,  tensions, résistances plus ou moins apparentes, entente plus ou moins durable impliquent le devenir de la protection d’un espace naturel, c’est à cela que l’on doit s’attacher maintenant.

    Auparavant, tout était possible. Chacun, pouvait  selon ses besoins, travailler la terre pour agrandir son exploitation, pomper l’eau pour arroser champs et jardins…, construire, y mettre les troupeaux sans quota d’un nombre de têtes.

    La création du parc a arrêté l’extension des cultures par une délimitation du territoire. Il a permis le contrôle de la qualité de l’eau, le contrôle des pompages d’eau prélevée. Des agents de l’état veillent  à la protection de la faune, à lutter contre le braconnage, la chasse y est interdite, à lutter contre les coupes sauvages des arbustes.
    Un contrôle visuel est effectué à partir de la tour d’observation pour la protection de la roselière contre les incendies.

    Si  la pastoralité d’antan reste dans l’esprit  des hommes, une forme d’activité agricole qui respecte l’environnement, la pastoralité d’aujourd’hui  a bien changée.
    Les troupeaux sont de plus en plus importants et le passage répété des animaux sur les mêmes chemins de pâturage crée l’érosion et l’appauvrissement des sols. La logique de rentabilité, ici comme ailleurs, s’effectue au détriment de la nature.
    Les bergers, à pied ou à dos d’âne, emmènent avec eux, pour la journée, le nécessaire pour boire, manger et se protéger du soleil et des intempéries. Ils emmènent, mais bien souvent ne ramènent pas. Les déchets se retrouvent  au pied des tamaris, sous une pierre, dans un trou, accrochés à une branche d’arbrisseau ou de plante épineuse.

    Quels sont ces déchets ? Des paquets de cigarettes, des mégots, des bouteilles de plastiques, des bouteilles de verre, les chaussures des bergers usées par les km de marche, des sacs plastiques, des emballages divers, des poches ou des tapis pour le repos dans la journée.
    Il n’est pas rare de voir dans les excréments des animaux domestiques et  sauvages, quelques morceaux de sacs plastiques. Les tessons de bouteilles laissent des blessures profondes sur les sabots ou les onglets !
    Ces observations réalisées  montrent que les esprits n’ont pas pris la mesure des désordres occasionnés par ces comportements. Ils sont néfastes et nécessitent des coûts  pour soigner les animaux qui tombent malades,  qui se font mal, qui meurent.

    Les bergers ne sont pas les seuls responsables. A la question des déchets, le responsable  du parc reste évasif. Nous l’avons constaté, cette problématique, n’est pas prise en compte. Il n’y a pas de panneau pour indiquer aux visiteurs de laisser les lieux propres, aucune information ni sensibilisation à l’environnement pour les habitants des villages  et le ramassage des ordures n’est pas assuré (les containers sont pleins, rarement vidés), donc les déchets sont jetés dans la nature, quelquefois brûlés  ou semi- enterrés.

 
    Notre impact sur l’environnement

     Après plusieurs jours passés au milieu de cette belle réserve, nous avons donc constaté que cet espace, pourtant protégé, n’était pas épargné par le dépôt d’ordures.
 
     Un dimanche, une journée « cerf-volant » y fut organisée, site idéal pour l’espace. Une centaine d’enfants, adolescents, adultes sont venus passer la journée.  Oui, mais le lendemain, quel ne fut pas notre étonnement. Nous découvrons un nombre important de cerf- volants laissés là, avec tous les déchets occasionnés par les pique-niques.
     Au vue de  cette situation, nous décidons d’agir.

    Nous allons ramasser les déchets. Tous les jours, à l’occasion de nos ballades, nous remplissons de grandes poches que nous allons soit déposer au pied des conteneurs du village, du Parc, soit nous les emmenons dans notre fourgon pour les mettre dans une autre ville, à une vingtaine de kilomètres. Nous nous apercevons que le ramassage des conteneurs n’est pas assuré, ils restent pleins et les poches déposées sont toujours là.

    Nous décidons de rencontrer deux acteurs du site, le Directeur du Parc et du Musée, Ayhan BAL, et le Responsable de la pension “Sultan-Pansion”, Mesut ATASOY,  qui reçoit les visiteurs.

    Nous échangeons sur notre constat.
    Nous tentons de leur faire comprendre qu’ils ont leur part de responsabilité sur ces désordres.

    Des discussions ont été entamées qui, nous l’espérons, feront leur chemin.
    Nous avons juste voulu attirer l’attention, éveiller des consciences.
    Bref, nous avons vraiment envie d’êtres, nous aussi, des acteurs responsables, à notre niveau, des acteurs déclencheurs d’actions. Nous savons que nous ne serons plus là demain.

    En savoir plus : voir la nouvelle rubrique     Environnement/Lettre ouverte à Lonely Planet

  Le Mont Erciyes    La Réserve du Sultan                              @ Colette et José Saudubois
 


    Observation de quelques sujets


    Les terriers

    Creusés en majorité par les écureuils des steppes, ils servent également aux traquets isabelle et aux serpents.

    Le terrier d'écureuil des steppes                                                 @ José Saudubois


     Le Traquet Isabelle

     Le traquet isabelle est un passereau des milieux ouverts. Chant bref, émis en vol ou d’un perchoir. Hoche la tête, fait des révérences, relève la queue ou entrouvre les ailes. Vol  rapide.
    C’est l’espèce qui a les plus longues  pattes, le plumage le plus pâle et le plus uniforme.
    Se tient souvent dressé. Chant sonore comportant des imitations, parfois émis en vol.
    Steppes, semi-déserts, terrains vagues et coteaux pierreux.
    Référence : Guide Henzel des oiseaux d’Europe.

     Une  famille de traquets est installée dans un terrier  à une trentaine de mètres de notre fourgon et voici ce que nous avons pu observer sur une vingtaine de jours.
     Durant  les cinq premiers jours d’observation, les parents, chaque jour, apporte des insectes dans le terrier. Les petits sont nés. Des libellules, des diptères sont prélevés dans les espaces avoisinants et ramenés au terrier. Ce sont des allers et  venues sans discontinuer de la part des deux parents.
     Le sixième jour, nous apercevons un petit sortir tout juste la tête du terrier. Puis un second. Ils restent à l’entrée et attendent la  venue des parents pour la becquée. Pendant cinq jours,  les petits resteront dans le terrier et à l’entrée. Au onzième jour,  les petits sortent et nous pouvons les observer complètement.   
     Les parents font toujours le va et vient.  A la moindre alerte, les oisillons retournent au terrier. Quelques jours encore, puis ceux-ci, trop gros, changent de lieu et investissent pour l’un un terrier d’écureuil  des steppes, plus grand à une dizaine de mètres, pour l’autre à une vingtaine de mètres. Les petits sont maintenant séparés, chaque parent prend en charge un des rejetons. Quelques jours après,  les oisillons sont réunis à nouveau dans le terrier du premier. Ils commencent à voleter. Pour les reconnaître, deux indications : Ils sont plus gros que les parents et leur bec est de couleur rose  contrairement aux parents dont le bec est  noir. Ils resteront sur place encore quelques jours avant de s’éloigner, sous la surveillance des parents.
    Puis, c’est le départ définitif.

     Lors de nos promenades  nous retrouverons les plumages de deux traquets isabelle. Petits, adultes ?
     Sur l’espace autour de notre bivouac, il y avait environ une dizaine de terriers habités par les traquets.

    Photo en cours

 

    L’écureuil

  Ecureuil des steppes                              @ Colette Saudubois

   Texte en cours


    Les serpents

   Nous avons pu observer deux types de serpents. Une couleuvre d’eau de 70cm de long,  sortie de la roselière et serpentant dans la prairie humide. Une couleuvre terrestre de 1,20mètre de long, à couvert au pied d’un tamaris. Inoffensives !
    Quelques œufs de serpents ont été dévorés  par des mammifères. Les coquilles vides jonchent près du trou, déterrées !

 

 



     Les Cistudes

     Fin mai, elles sortent de l’eau pour venir sur la terre meuble pondre leurs œufs. Nous avons pu les voir s’éloigner très loin pour trouver le lieu idéal de la ponte. En fin de soirée.
     Cependant, c’est un moment délicat, les rapaces sont un danger permanent. Il n’est pas rare que ceux-ci enserrent de leurs griffes les jeunes femelles Cistudes, les emportent très haut dans le ciel, les lâchent et les suivent dans la descente vertigineuse pour ne pas les perdre de vue,  avant l’impact et l’éclatement des carapaces sur le sol. 

 Les roselières                  Les roselières                 @ Colette Saudubois               
                          
                                  

    Nous avons été enthousiasmés par la beauté des roselières, par une eau limpide et la diversité des oiseaux présents sur le site.
    Et suivant les heures, la lumière, posée sur l’eau, la végétation, le ciel, apporte de merveilleuses couleurs, avec en fond, le Mont Erciyes, encore enneigé qui culmine à 3 916 m.
    Nous quittons la Réserve avec des images éclatantes de couleurs, le chant des oiseaux, la beauté des paysages, le bruissement du vent dans les roseaux.