Grèce - Bulgarie - mai 2011

  GRECE    

   Deux semaines en Grèce

   Vikos, le 03 mai 2011

   - Si nous reprenions notre conversation pour parler de la Grèce ! Une partie de notre périple nous a amenés vers le Parc de Vikos (Parc National Ethnikos Drimos Vikon-Aoon) et le Péloponnèse.
    Les gorges du Parc, au nord- ouest de la Grèce sont de véritables merveilles et protègent dans les vallées et sur les monts les ours bruns, les loups, quelques lynx. Nous avons vu la tortue terrestre, l’écureuil noir, enfin c’est toi, Colette, qui  l’a vu ! Les lézards, les serpents. Il y a beaucoup de serpents, notamment un long serpent apparemment inoffensif de couleur marron et jaune.

   -  A ce propos, pense à mettre sur internet le film que j’ai fait lors du sauvetage d’un serpent qui traversait  la route. Un simple petit coup de pouce lui a permis de poursuivre son chemin à l’abri des voitures. Il a eu chaud ! Si un connaisseur en serpents voit la vidéo, peut-être pourra-t-il nous dire de quelle espèce il s’agit ?

   - La marche que nous avons effectuée nous a permis d’entrer plus profondément dans les paysages. Les eaux du torrent que nous avons longées étaient cristallines à certains endroits et d’autres portaient en elles les limons venus des ruisseaux qui descendent des montagnes. Pour l’ours et le loup,  et bien ! On ne les a pas vus, ce sera pour une prochaine fois !

   - Et Babis, tu t’en souviens ?

   - Oui ! Nous l‘avons rencontré dans un petit café. Spontanément, il est venu vers nous pour savoir si tout se passait bien et si nous avions besoin de quelque chose ; Il faut dire que Babis est prof de Français et d’italien, alors pour la conversation, ça aide !
    Un grand bonjour à Babis et merci  pour sa disponibilité et sa gentillesse.

 

Parc naturel de Vikos
Parc du Vikos

           Tortue terrestre  Grenouille ... ?
                                                        @ Colette Saudubois

         

       José et le serpent

    

  

   Les signes religieux


   Ils sont là, très présents, sur le bord des routes, dans les villes et villages, dans les paysages. Petits ou grands édicules à la mémoire d’un être cher disparu, ou ex-voto, dévotion au dieu.
   Dans les montagnes, les chapelles posées près du torrent ou sur le haut d’une colline, près de l’ancien pont en pierre attendent le pèlerin !
   Les petits édicules enferment en leur sein, les icones, les photographies d’un proche, la bouteille d’huile, les mèches, la boîte d’allumettes ou le briquet.
   Certains sont fabriqués en fer ou en bois recouverts d’un revêtement enduit, en forme d’églises ou boîte simple aves un toit quatre pans surmonté d’une croix aux quatre points cardinaux.
   Les uns sont neufs, d’autres noircis par la fumée et d’autres encore ont pris feu ou sont abandonnés. Ils posent sur quatre pieds, seuls ou à plusieurs sur le bord de la route, cachés dans le taillis ou penchés, accidentés ! Si vous approchez votre visage, vous sentirez l’huile vieillie, rance.
   Dans la soirée, un homme ou une femme passe et allume la lampe.


                

                                                           
                                             @ José Saudubois


    Port de Patra, le 07 mai 2O11

    Le port de Patra ressemble à beaucoup de ports européens. Des docs, des quais, des bateaux, des boutiques et des terrasses de restaurants mais le regard porté sur les jeunes hommes rassemblés dans les squares, sur les pelouses ou cheminant le long des rues donnent à penser autrement. Aux carrefours des grands axes rentrants, les garçons proposent leurs services pour nettoyer le pare-brise contre quelques pièces. Le passage d’un véhicule de touristes fait lever les têtes et donne aux regards des migrants clandestins un soupçon d’un espoir naïf et vain.
   Combien sont-ils ? D’où-viennent-t-ils ? Maroc, Algérie, Palestine, Afghanistan et autres pays en révolte ! Ils y en a plusieurs dizaines dans le port. Dans les parkings, ils fabriquent avec des cartons et du plastique des abris sous les remorques des camions 38 tonnes. Ils font la manche pour une pièce de monnaie,  un morceau de pain…
    Un jeune garçon s’approche du véhicule et demande
  - Vous pouvez m’emmener en Italie ?
  - D’où venez-vous ?
  - Afghanistan. Emmenez-moi !

   Ils sont bien sympathiques et rieurs, le désespoir n’est pas de rigueur. Ils se cramponnent, ne possèdent rien sinon l’imagerie d’un monde meilleur dans ces pays d’eldorados.

   Dessins en cours

 

   Instantané

   Comme dans les autres pays, la rencontre est chaleureuse et les Grecs sont prêts à nous aider en cas de besoin.
   La Grèce est en forte crise. A Athènes, la population est dans la rue et manifeste. C’est violent, pour avoir vu les images à la télévision. Les salaires sont faibles et les prix à la consommation explosent, alors ça chauffe ! Dans l’intérieur du pays, la vie pastorale est présente, les troupeaux de moutons, de chèvres et de vaches parcourent les flancs des vallons. Il y a peut-être moins d’argent ! Il reste la production du jardin, la vente de légumes et du miel, et la viande du troupeau pour résister.

 


Journée mondiale de l'environnement


                                                  @ Colette et José Saudubois

 

  BULGARIE

   Dans le voyage, le monde n’est pas à côté, il est là, pleinement, juste là, derrière le pan de mur, derrière l’arbre, dans l’herbe. Un bruit, une lumière, un tremblement, une odeur, dans les beaux paysages, les belles montagnes. Tout y est, visuellement, olfactivement, sonore ! 
   A l’approche du village, Le cimetière tout près, et dans le village, tout vous le rappelle ; sur les murs, les portes des maisons, les poteaux électriques, les abris-bus, les affiches des défunts par dizaine, vous regardent !  Des visages, et en cyrillique, des noms et des dates.
   Dans les pays Slaves, on vous le montre, on vous le dit, «Vous êtes mortels !»
   Le village en rue principale, accueille les vieux et les jeunes, tout en mouvement.
   L’odeur de la mort du chien ou du chat, écrasés et jetés au bas du fossé ou dans la rivière.
   La voiture passe, rapide. Attention !

             Bachevo Avis de décès
             @ José Saudubois

 

   Parc National du Pirin

   Bachevo - Lili, Sylvestro et Pavlina, le lundi 16/05/2011

  - Tu as vu, le passage en Bulgarie, c’est vraiment du gâteau ! Très facile, il a fallu juste acheter une vignette et le pays s’ouvre à nous.

  - Oui, c’est le reflet d’un pays tranquille, ouvert, sans complication.

  - C’est vrai, les stationnements sont devenus beaucoup plus simples. A Bachevo, nous avons pu nous stationner entre le cimetière et les maisons situées à l’entrée du village. C’est avec Lili, que les premiers échanges ont eu lieu pour demander si nous pouvions dormir ici. Lili, une femme de 50 ans, (vivant avec ses 2 grands garçons, elle a perdu son mari il y a 4 ans) pleine d’attention, nous invite au café du coin.

  - Et  à peine installés au bistrot, un homme s’est approché de nous pour nous saluer en français.
C’est Sylvestro, un artiste, installé à Razlog, ville située à 6 kms de là. Un sacré personnage, par sa présence, sa vitalité avec ses 70 ans, son envie de partager. Il profite de notre présence pour s’exprimer en français et nous propose de visiter la région ensemble.  Il nous emmène découvrir le Musée Ethnographique de Razlog, dont il est l’un des initiateurs. Puis, à quelques kms, nous visitons, à Dobarsko, une chapelle, semi-enterrée, dont l’intérieur recèle de superbes fresques. Et, nous poursuivons la route pendant plus d’une heure sur des chemins de terre pour arriver au «Dancing Bears Park» à Belitsa. (Il s’agit d’un parc qui rachète les ours de cirque aux Tziganes. Voir chronique «Dancing Bears»).

 

Sylvestro
                                                                         @ José Saudubois

  - Et à peine rentrés de notre excursion, c’est Pavlina qui vient au camion.
  "Bonjour, vous êtes français ? Cela me fait plaisir de vous rencontrer.  Il y a déjà longtemps, j’avais une amie en France et j’ai passé une année à Paris. Mais depuis que je suis revenue en Bulgarie, je ne parle plus le français. C’est plus difficile, j’ai perdu les mots, mais que je suis contente de vous parler ! Il faut venir chez moi demain pour manger et discuter.»
   Et voilà, une nouvelle invitation. Nous rencontrons son mari, Marin, qui travaille dans la coupe du bois, dans les montagnes derrière le village. Nous avons passé une bonne soirée.

   Le lendemain, il nous faut repartir vers de nouveaux paysages et de nouvelles rencontres et nous laissons derrière nous ces nouveaux amis.
  
  - Et maintenant, nous allons vers le Parc National du Rila voir Awen, le fils de Pol, un ami. On va lui laisser un message sur internet pour voir s’il est disponible.

  - Ok.

 

  Parc national du Rila, Samoranovo, le vendredi 20/05/2011

  Une maison escargot

  Au pied des montagnes du Rila,  Névéna (bulgare) et Awen (français) construisent leur maison sur un bout de terre où coule l’eau des sources. Ils ont la trentaine et appliquent leurs convictions, faire avec le temps.
   C’est peut-être pour cela que la maison est en forme d’escargot ;  l’escargot est un gastéropode qui prend son temps et ne dit-on pas que «ce qui est fait avec le temps, le temps le respecte !»
   Et puis, quand les jours sont moins cléments, il suffit de rentrer un peu la tête dans les épaules, de s’installer en attendant des jours meilleurs !

  Névéna et Awen font les saisons au Danemark dans la coupe des branches de sapins qui servent d’ornements pour les fêtes de fin d’année ; c’est un métier très dur, 7 jours sur 7, 10 heures de travail par jour. La coupe se fait au sécateur. Le corps fatigue, les articulations aussi mais c’est le prix à payer pour recevoir, à la fin de la saison, une bonne paye ! Le reste du temps, c’est la construction de la maison, l’entretien du grand jardin où toutes sortes de légumes poussent, et l’aide apportée entre voisins ; ici c’est beaucoup l’entraide, le partage, le lot de ceux qui ont peu. Celui qui a les pommes de terre fournit les matrices pour la récolte prochaine, l’autre propose sa machine à laver le linge, un autre, c’est la voiture pour emmener un vieux chez le médecin. Une grande partie du temps est consacré au jardin, à la fabrication des conserves en bocaux, aux vaches, moutons et chèvres que l’on mène dans les pâturages. Le temps existe dans ces campagnes, on va au rythme de la nature. La vie est dure, comme le dit Valentine, un robuste gaillard de 72 ans aux doigts crevassés.
  Elles lui font mal, ses mains, mais quand on le questionne sur son pays, il est intarissable. Tout y passe, le communisme, le capitalisme, les mafieux, et comment on affute la lame de la faux, jusqu’au souvenir, quand il était petit, des allemands qui étaient là, près du village et qui lui ont donné du chocolat. Il nous fait part de ses conditions de vie, de sa petite retraite d’environ 200 levas (100 €) pour lui et sa femme.

  Ces quelques jours ont été supers avec Névéna et Awen. Ils nous prouvent qu’il existe d’autres possibles !
  Bravo à eux, à leurs convictions, à l’amour qu’ils  portent aux gens et à la nature.

                                             Névéna  Awen                           

                                             @ Colette Saudubois 

 

Matériaux de construction de la Maison Escargot 

  Fondations : blocs de granits récupérés dans le lit du torrent de la montagne d’à côté. Etanchéité avec revêtements spéciaux.

  Soubassement : pierres de granits taillées, rachetées en surplus d’un chantier de la région.

  Charpente : sapin (rondins), toit végétal avec débord important pour protéger les murs en torchis.

  Murs : sapin (rondins) avec remplissage en torchis réalisé avec de l’argile, de la paille et du sable.

  Intérieurs :

  - Sol  (non déterminé)

  - Murs lissés

  - Menuiseries fabriquées sur mesure dans la région

  -Toilettes sèches

  - Poêle à bois

  - Eau courante de la source

  - Electricité par source solaire
                                      

 

      La maison Escargot
                                @ Colette Saudubois                                    

                                                                    

  Le massif du Rhodope

  J’ai l’impression de me retrouver au Portugal : un paysage de montagnes vallonnées, mais surtout, par les gens que l’on rencontre. Nulle appréhension, pas d’inquiétude de leur part à parler à un étranger. Un bonjour échangé et voilà le sourire n’est pas loin, une envie de vous accueillir, de partager quelques mots.
  Pour certains, cela va un peu plus loin, on  vous invite à vous asseoir, à prendre un verre de rakia, ou encore on vous offre un souvenir, comme aujourd’hui.
  Un couple, Zina et Tchoytcho, assis sur un banc de bois, posé là sur leur toute petite terrasse, après nous avoir lancé un « dobar den » (bonjour), nous invite à venir nous assoir à côté d’eux en se poussant un peu, on trouve toujours de la place ! Au fil des échanges, de quelques mots, Zina revient avec un paquet de gâteaux au chocolat. Après quelque temps, elle revient à nouveau avec une paire de chaussons en laine qu’elle a elle-même tricoté, bien spécifique de chez eux, en pointe, ils recouvrent tout le pied en s’arrêtant en-dessous de la cheville, afin qu’ils remplissent bien la chaussure, et me les offre avec un plaisir partagé.
  L’essentiel est dit par le regard, le sourire, le « mersi » compris de tous. Je repars avec mon paquet de journal à la main  qui enveloppe mes chaussons et deux branches de menthe.

  Coco, le 26/05/2011

 

  Instantané

  Turquie, Istanbul, le 04 juin 2011


  - Avec du recul, revenons un instant sur la Bulgarie et ce que nous avons ressenti et vu.
 
  Tout d’abord, parmi les pays traversés, il nous semble que c’est un des pays les plus pauvres. Si dans les villes (Sofia, Bansko, Dupnica, Dimitrovgrad, Plovdiv, Kardzali, Asenovgrad)  nous avons vu des infrastructures de qualité et des bulgares profitant d’un certain confort,  Il n’en va pas de même dans les campagnes, notamment dans les massifs du Rhodope.  Dans les villages, les infrastructures municipales (Bâtiments administratifs, routes  et autres lieux publics) sont quasi inexistantes, les écoles sont désertées. Les habitants construisent et rénovent leurs maisons avec le peu qu’ils ont.
  Ce qui les sauve, c’est l’agriculture. Chacun à son lopin de terre et jardine : tomates et  pommes de terre ainsi que de multiples autres légumes. Les troupeaux de moutons et de chèvres en majorité pour le sud donnent la viande et les vaches pour le nord donnent le lait. Ils paissent librement dans la nature accompagnés du berger et de ses chiens.


      Si les Bulgares sont sortis du communisme, pour beaucoup, ils sont restés égaux dans la pauvreté.

 

               Sofia 

               Sofia  Sofia

               Sofia  Sofia

               Après Sofia  Après Sofia
               @ José Saudubois
                       
                                                               
      Les Bulgares sont vraiment  accueillants et attachants. Les femmes vous embrassent comme si vous étiez leurs propres enfants.
      Ils sont riches par leur disponibilité, leur gentillesse et leur attention. Ils sont plus à l’écoute, plus intéressés de savoir comment cela se passe chez nous. Ils s’intéressent à la politique, connaissent bien notre géographie et le nom du Président de la République ainsi que ses ministres. Ils se moquent gentiment de nous quand ils entendent à la radio ou à la télévision les affres de l’affaire Strauss-Kahn. Bien sûr, nous connaissons également  les problématiques dans leur pays et combien nombreuses !  Mais ils nous rappellent que nous ne sommes pas parfaits !

 

                               

                               

                               

                               
                              @ José Saudubois


     Concernant l’environnement, bien sûr, avec peu de moyens, il reste un travail énorme à réaliser. Les décharges sauvages sont partout, près des  rivières dans les montagnes ou à la campagne. Nous avons même vu se faire la vidange de la voiture sur le bord d’un ruisseau. Tout le nécessaire est là.
     La fosse, présente, en ciment pour accéder au dessous de la voiture. Chacun peut venir avec son véhicule !

 

 Les massifs du Rhodope

                                                  @ José Saudubois                                                  

 


     La nature est sauvage. C’est vraiment stupéfiant de savoir que l’on peut traverser tout un ensemble de chaines de montagnes les unes après les autres  sans rencontrer âme qui vive en dehors de l’ours, du loup et autre animal sauvage. Les oiseaux sont très nombreux (Voir rubrique Côté nature).

 

 

                                                              @ José Saudubois                  

 


   Nous quittons une géographie de  paysages fermés - hautes montagnes, gorges profondes, forêts denses-
pour une géographie de paysages ouverts – déserts, steppes, hauts plateaux, vallées :


   La Turquie, l’Iran, Le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan.