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Maroc - janvier 2013


Musiques  Gnawa





    Les Gnaouas sont à l'origine des descendants d'anciens esclaves noirs issus de populations d'origine d'Afrique noire (Sénégal, Soudan, Ghana...).
    Ils furent amenés par les anciennes dynasties qui ont œuvré à l'histoire du Maroc, en commençant par l'empire Almohade, pour les travaux et les bâtiments des palais et le renforcement des armées (garde noire reprise par les dynasties marocaines suivantes).
    La constitution en confréries des gnaouas à travers le Maroc s'articule autour de maîtres musiciens (les mâallems) et/ou de rituel, d'instrumentistes (quasi exclusivement les qraqeb (ou qrâqech) – sorte de crotales – et le guembri), de voyantes (chouaafa), de médiums et de simples adeptes. Ils pratiquent ensemble un rite d'adorcisme syncrétique (appelé lila au Maroc, diwan en Algérie) où se mêlent à la fois des apports africains et arabo-berbères et pendant lequel des adeptes s'adonnent à la pratique de la transe à des fins thérapeutiques.
    La musique et les rituels Gnawas auraient pour origine les cultes d'adorcisme (possession acceptée et cultivée) sahéliens. Ces pratiques d'origines Haoussa, Barma, Bozo, Bambara, Foulani ont dû se métamorphoser pour survivre et adopter l'islam comme religion afin d'assurer leur continuité (de même pour leurs cousins Vaudou d'Haïti, Santeria de Cuba ou Candomblé du Brésil qui ont dû adopter le christianisme en Amérique).
    Pendant la période coloniale, plusieurs chercheurs et anthropologues (Brunel, Delafosse) tentent de comprendre et de classifier le système religieux au Maghreb, Les Gnawa sont, dès la fin du XIXe siècle, identifiés comme une confrérie religieuse populaire dont les pratiques thérapeutiques seraient l'héritage de cultes animistes subsahariens « importés » par des générations d'esclaves retenus au Maghreb.
    Dans le Maghreb le terme " Soudani" est utilisé pour désigner toutes les populations d'origine subsaharienne à la peau noire et par extension " esclave ou descendant d'esclave " quel que soit leur pays d'origine (et donc pas uniquement le Soudan). Le terme " Abd ou Abid" signifie clairement " esclave ou descendant d'esclave", ou en langues Berbères le terme "Akli".
    En effet, les travaux sur le culte des saints maghrébins ou sur la traite négrière en terre d'islam ont tenté d'identifier la provenance de cette communauté et de ses pratiques rituelles en explorant l'origine du mot « Gnawa ». L'explication fournie par Maurice Delafosse en 1924, est restée pendant longtemps l'unique référence étymologique du mot et fut adoptée par des générations de chercheurs. Selon Delafosse, l'expression berbère akal-n-iguinaouen qui signifie pays des Noirs, aurait donné naissance au mot Guinée et au mot « Gnawa » par ressemblance phonétique. Gnawa, signifierait donc, par extension, homme noir ou venant du pays des hommes noirs( Afrique subsaharienne).
    Toutefois, en l'absence de données historiques probantes, seules cette parenté phonétique a permis d'appuyer l'hypothèse de l'origine subsaharienne de cette communauté et de ses rituels. Les chercheurs contemporains admettent qu'il est difficile aujourd'hui d'identifier l'origine des Gnawa à partir de leur nom.
    D'autres confréries religieuses, dites d'anciens esclaves, apparentées aux Gnawa du Maroc, existent bel et bien mais sous des noms différents dans divers pays d'Afrique du Nord ".
    Les rituels des Gnawa de Tunisie (appelés Stambali) et d'Égypte (appelés Zar), d'Algérie (appelés Diwan ou Bori Haoussa) ou du Maroc (appelés Gnawa) se ressemblent sur certains points (attestant ainsi une origine commune) et divergent sur d'autres points du fait des parcours spécifiques que ces gnawa rencontreront dans les sociétés d'accueil au cours des siècles. En Libye, ce genre musical existerait dans le Fezzan sous le nom de "Stambali".
    Ainsi, ces rencontres et déplacements entre l'Afrique noire et blanche ne se limitent pas aux échanges de communautés serviles mais préparent aussi progressivement l'émergence de confréries telles que les Gnawa au Maroc, les Diwan en Algérie ou les Stambali en Tunisie et leurs autres homologues de Libye et d'Égypte.
    De même que les ressemblances certaines entre les pratiques rituelles des Gnawa et celles des confréries soufis marocaine prouvent une véritable parenté spirituelle qui exclut la thèse d'un syncrétisme où une religion extérieure se serait simplement accommodée à une religion dominante. Il s'agit de la constitution complexe et progressive d'une communauté et d'une pratique religieuse, sur une longue période, par « strates diverses et par apports semblables » Il est plus judicieux de parler ici, pour répondre à la question des origines de cette communauté et de ses pratiques, d'une « synthèse »  plutôt que d'une forme d'accommodation, de métissage ou de syncrétisme.

    Musique :
    On parle de musique Gnaoui (masculin singulier) Gnaouiya (féminin singulier) ou tagnaouite (appellation berbèro-marocaine). Gnaoua écrit aussi Gnawa est la forme plurielle.
    Avec le tourisme important et les échanges artistiques entre le Maroc et l'Occident, la musique gnawa s'internationalise grâce des influences extérieures au Maghreb tels que Bill Laswell, Adam Rudolph et Randy Weston qui font souvent appel à des musiciens gnawas dans leurs compositions.
    Les rituels gnaoua portent une part de mystère et les entrées aux soirées thérapeutiques sont confidentielles. Au Maroc, le premier enregistrement de musique gnaoua sera réalisé sur cassettes audio en 1975.
    Cette musique Gnawa enrichit les autres musiques au Maroc (dont le Rap marocain), dans le monde (fusion Jazz-gnawa, blues-gnawa, reggae-gnawa, etc.) et dans le Maghreb celle produite par des artistes franco-maghrébins (comme Gnawa Diffusion ou l'orchestre national de Barbès).Ainsi de grands standards de la musique Gnawa comme " Allah Allah Moulana " se retrouvent dans de nombreuses compositions.
    L'étude comparée des structures des compositions musicales des Gnawas et des musiques du Golfe de Guinée montre des similitudes intéressantes. Au niveau rythmique, certaines compositions Gnaouas sont polyrythmiques binaire et ternaire (rythmes ternaires superposés sur une structure binaire de fond), et on retrouve la même structure dans les musiques du Golfe de Guinée. Les compositions d’Ali Farka Touré notamment le titre Sega dans l'album Talking Timbuktu, en donnent un bel exemple.
    C'est là un indice de plus, sinon de l'origine "Guinéenne" des Gnaouas, du moins de la fécondation réciproque des cultures entre les deux rives du Sahara. Cette part africaine de la culture des pays du Maghreb est progressivement retrouvée par les sociétés maghrébines.
    Pour des raisons d'opportunité financière, ces Gnawa du Maroc (qui ne sont pas tous des maalems c'est-à-dire des maitres musiciens ou de cérémonie) sortiront du rituel pour présenter leur musique à un public marocain plus large, s'inspirant en partie des troupes d'acrobates (auxquelles les marocains prêtent des pouvoirs) que l'on peut voir en particulier place Jemmaa el Fna de Marrakech ou dans les Moussem (pèlerinages auprès des marabouts). Ils vont aussi développer et inventer des acrobaties (qui ne font pas partie du rituel) et enrichir leur tenue vestimentaire (habits chatoyants et coiffe avec un long pompon sur lesquels sont cousus des cauris).
    Grâce en particulier au groupe Nass el Ghiwan dans les années 1970-1980, puis au Festival de Musique Gnawa d'Essaoiura La notoriété musicale de la musique Gnawa du Maroc (voir musique marocaine) sort de l'ombre son équivalente algérienne (la musique Diwane dite Gnawa d'Algérie) qui connaît depuis peu un regain d'intérêt (voir musique algérienne). Avec les années, l'évènement s'essouffle et est accusé par beaucoup de précipiter la décadence de la pratique musicale gnawa et sa transformation en pur divertissement.
    En Tunisie, cet art gnawa-Stambali semble bien porté par la population alors qu'en Égypte, la musique gnawa-Zar semble mourir. Il semble qu'il existe aussi en Libye une tradition proche du « stambali » tunisien et du Zar égyptien.
    En acceptant l'existence de ce genre musical, les pays du Maghreb reconnaissent enfin la part africaine de leur culture et ouvrent la porte d'un passé esclavagiste avec tous les sujets tabous qui l'accompagne.
    Les puristes marocains du genre musical craignent une dénaturation du style due à des objectifs commerciaux excessifs, d'autres applaudissent cet intérêt des artistes internationaux pour ce genre musical qui sort des frontières du Maroc (et donc du Maghreb) offrant ainsi aux artistes Gnawas une notoriété et une reconnaissance internationale ainsi que de meilleures perspectives financières.

    Source : Wikipédia
 
    
  



                                           Impressions fugitives #2