Turquie - novembre 2011

  Réponse à notre ami

   Bonjour à vous deux.

  Je pense très souvent à vous, malgré mon peu de courrier en retour.

  Vous me semblez tellement dans un autre univers. Par contraste le petit quotidien de mes affairements ressort encore plus à mes yeux.
  Ce qui appuie sur un constat ancien, et que vous connaissez : ce mode de vie qui reste très embarrassé par le rapport au temps disponible après le ... labeur.     
  Oui, j'ai envie d'utiliser ce mot car je ressens vraiment cette aliénation du travail : être jeté le soir pour une "liberté" sans force, sans espace, sans ressources profondes. Et pourtant j'ai dans ma profession l'atout de déboucher sur des plages disponibles. Mais 42 à 45 heures par semaine en période scolaire, c'est trop.
  L'âge qui vient ? Une exigence intérieure qui s'accroît ? Des lectures sur un mode de vie plus lent ? L'envie d'écrire plus régulièrement ? Tout cela à la fois, certainement.

  J'espère pouvoir cesser mon activité professionnelle fin juin 2013.

  Oui, je vous lis et pense à vous. J'imagine que vous devez vraiment élargir votre perception des essentiels humains, leurs constantes et leurs ressemblances, ainsi que ce à quoi tiennent nos différences, qui ne viennent sans doute que d'approches culturelles et/ou religieuses.

  Je suis très troublé par l'accueil, l'hospitalité, que vous recevez très généralement. Et moi, si des étrangers garaient leur fourgonnette devant chez moi ?
  Troublé aussi par ces rituels qui accompagnent souvent le fait de recevoir, et qui semblent tellement absents (perdus ?) dans mon pays.

  Voilà ce qui compose mon univers intérieur quand je me penche sur vous et votre voyage dans le monde.

  Vous restez pour moi des êtres très chers et suis très ému de le constater.
  Je vous embrasse avec mon amitié profonde.

  Antoine. Le 1er novembre 2011 


   
  Merci Antoine pour cette lettre. Avec toujours autant d’humanité et avec la qualité de ton écriture, nous aussi, nous sommes touchés par tes attentions.

  José - La qualité de l’écriture, voilà bien le premier souci. Nous essayons d’écrire le mieux possible, pour essayer de faire comprendre, sans jugement, les histoires que nous vivons et l’histoire des femmes, des hommes que nous rencontrons. Et puis, nous essayons d’écrire le mieux possible pour que nos amis et nos familles n’aient pas de honte à nous lire.
  En cela, nous pensons souvent à la qualité de ton écriture, aux réflexions profondes que tu nous offres et qui nous accompagnent sur la route.
  Concernant l’ensemble de tes interrogations, et bien nous ressentons ce que tu ressens quand nous ne sommes pas sur la route. L’imaginaire et les récits de voyages emmènent les esprits vers des chemins de pensées qui ne sont pas toujours la réalité. Dès lors que le corps se met en marche et foule des terres inconnues, cette impression d’exotisme, ce parcours si personnel, ces émotions, nous les ressentirions si nous étions dans un itinéraire où il n’y a pas la rencontre. Cet exotisme existe quelques jours, mais si vous prenez le temps d’être avec «l’autre», alors, c’est fini. Toutes les réalités sociales du moment, de l’instant où vous êtes présent dans la vie des autres prennent place. Le quotidien, balaye très rapidement cet état d’être « un peu là mais aussi ailleurs ». On ne peut pas fuir toutes ces réalités, ou alors, c’est un autre voyage !
  Sur la route, nous ne voyons que des êtres humains, absorbés comme nous le sommes tous par les préoccupations quotidiennes, voulues ou subies, mais une chose est sûre, certaines cultures ont gardé cette règle de l’hospitalité, pour certaines et d’autres raisons que nous n’allons pas développer ici.
  Il y a aussi pour nous ces heures banales, où nous pensons que rien ne se passe, mais il se passe quelque chose ! Ces heures banales donnent au temps de la valeur, elles vous donnent à réfléchir, loin de la frénésie des occupations, de cet incessant tourbillon dans lequel chacun de nous est enfermé en pensant que c’est comme cela qu’on existe.
  Le voyage offre cela. Vous existez car vous êtes avec vous-même et avec les autres. Une partie des artifices disparaît.

  Colette - Il est pour nous aussi difficile d’allier en même temps le travail et notre passion du voyage.

  Nous n’avons pas trouvé d’autre solution pour échapper à cet accaparement du travail sur notre vie que de le stopper et partir pour consacrer entièrement notre temps à notre passion.


  Et là, s’ouvre à nous une porte où nous pouvons organiser notre temps. Mais il ne faut pas croire, là aussi, nous subissons des contraintes qui nous poussent à aller plus vite, trop vite. Nous l’avons senti avec la limite des visas. Il est facile de se laisser piéger par cet envie de vouloir découvrir un maximum sur un espace temps limité, obligés d’avancer, avancer. Ce n’est plus le travail, là, qui nous accapare mais les contraintes administratives qui gèrent notre temps. Il s’agit de trouver un juste équilibre sur le rythme. Tu parles du « vivre lentement », oui, c’est plutôt cette philosophie que nous essayons de vivre. Avoir le temps, à nous, pour nous, pour laisser place à la rencontre.

  La rencontre, c’est ce qui nous nourrit. Découvrir un nouveau monument, un édifice, oui, mais pas seulement. Cela fait référence au passé et nous, nous avons besoin du présent, être avec les hommes et les femmes qui vivent aujourd’hui, avec leurs peurs, leurs interrogations, leurs attentes.


  Et puis, on peut dire, le voyage, c’est comme pour le ciel étoilé, - une étoile a disparu mais sa lumière est encore présente à nos yeux-

une multitude d’émotions, une multitude d’interrogations…


  Pour fermer cette page, qui nous l’espérons, s’ouvrira à nouveau pour les échanges,
voici quelques citations, extraits de livres ou d‘entretiens.


  R.L Stevenson  - Voyage avec un âne dans les Cévennes -.

  « Je me suis vu comme un point de ralliement. Chacun avait à cœur d’être aimable et utile pour un étranger ».

  Proverbe indien
  « Les routes ne mènent nulle part, le plus important, c’est de prendre les routes qui ont du cœur ».

  Inconnu
  « Un chemin se reconnaît au fait que l’autre passant devient notre semblable et qu’il nous paraît inconvenant de ne pas le saluer ».

   Barbara Kopple - Cinéaste documentariste américaine -
 «Les images ne peuvent pas changer les choses. Elles agissent comme catalyseurs. Les images peuvent amener à penser, à sentir, peut-être comprendre une idée, un autre style de vie, ou un autre combat. Il faut que les gens dialoguent avec les images. Les images ne changent pas les gens. Ce sont les gens qui changent les gens».

  Pensées affectueuses à Antoine 

  José et Colette – Silifke, Turquie – le 1er décembre 2011


   La danse traditionnelle - Turquie - Halféti - Novembre 2011



  

   Gaziantep

  
Capitale des baklavas, les gâteaux aux pistaches.



Homme portant le large pantalon traditionnel arabe, le Salvar
                                     Maison traditionnelle - Gaziantep  Fontaine - Quartier ancien - Gaziantep
                    Quartier moderne - Gaziantep         Les grands boulevards - Gaziantep  La fête de Baïram                                                 
@ José Saudubois




   Les Köfte - Turquie - Tumlu - Novembre 2011




   Tumlu


Vue du Château - Tumlu

   Château de Tumlu
Paysages - Vue du château - Tumlu

Oeillets sauvages - Tumlu                                                  @ José Saudubois

    Anavarza


Anavarsa - Vue du Château
Nature                                                  @ José Saudubois
                                                 





















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